Argument : Le Procureur de la CPI devrait demander, et la Cour devrait émettre, un mandat d’arrêt contre Bezalel Smotrich pour crimes de guerre à Gaza Introduction Karim Khan QC (@KarimKhanQC), Procureur de la Cour pénale internationale (@IntlCrimCourt), a pour mandat d’enquêter et de poursuivre les individus responsables des crimes les plus graves relevant du droit international, y compris les crimes de guerre, lorsque les États ne veulent ou ne peuvent pas le faire sérieusement. Bezalel Smotrich (@bezalelsm), ministre des Finances d’Israël, a joué un rôle direct et significatif dans l’imposition d’un blocus de six semaines sur Gaza, déclarant explicitement le 8 avril 2025 qu’il empêcherait toute aide humanitaire, y compris « un seul grain de blé », d’entrer sur le territoire. Ce blocus, confirmé par l’UNRWA le 12 avril 2025, a entraîné de graves conséquences humanitaires, notamment une famine généralisée et l’épuisement des stocks alimentaires. Les actions de Smotrich constituent des crimes de guerre selon le droit international humanitaire (DIH), et la CPI doit agir d’urgence pour le tenir responsable. 1. Compétence de la CPI sur la situation à Gaza La CPI a compétence sur les crimes commis sur le territoire de la Palestine, y compris Gaza, dans le cadre de son enquête en cours sur la situation dans l’État de Palestine, qui remonte à 2014. Cette enquête couvre tous les crimes commis par toute partie sur le territoire palestinien, y compris les événements actuels à Gaza. En tant qu’État partie au Statut de Rome depuis 2015, la Palestine a accepté la compétence de la CPI, et la Chambre préliminaire de la Cour a confirmé en 2021 que sa compétence territoriale inclut Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Smotrich, en tant que responsable israélien dont les actions affectent directement Gaza, relève de la compétence personnelle de la CPI pour les crimes commis sur le territoire palestinien, indépendamment du non-état membre d’Israël au Statut de Rome. 2. Preuves des crimes de guerre attribuables à Bezalel Smotrich La déclaration de Smotrich et le blocus qui en résulte constituent des crimes de guerre selon le Statut de Rome, notamment les articles 8(2)(b)(xxv) (famine comme méthode de guerre), 8(2)(b)(iii) (attaques intentionnelles contre l’aide humanitaire) et 8(2)(b)(ix) (punition collective). Les preuves sont les suivantes : - Famine comme méthode de guerre (Article 8(2)(b)(xxv)) - Le Statut de Rome définit ce crime de guerre comme « l’utilisation intentionnelle de la famine des civils comme méthode de guerre en les privant d’objets indispensables à leur survie, y compris en entravant volontairement les secours ». - Smotrich a explicitement déclaré le 8 avril 2025 que « pas un grain de blé n’entrera à Gaza », une politique alignée sur le blocus de six semaines confirmé par l’UNRWA, débutant fin février 2025. L’UNRWA a signalé que ce blocus a conduit à l’épuisement des stocks alimentaires, à la fermeture des boulangeries et à une famine généralisée, avec des bébés et des enfants allant se coucher affamés. Le blocus suit la destruction de 67,6 % des terres agricoles de Gaza, rendant la population entièrement dépendante de l’aide externe. La privation intentionnelle de blé par Smotrich — un aliment de base — constitue la famine comme méthode de guerre, violant l’article 54 du Protocole additionnel I (PAI) et la règle 53 du DIH coutumier. - Attaques intentionnelles contre l’aide humanitaire (Article 8(2)(b)(iii)) - Ce crime de guerre implique de diriger intentionnellement des attaques contre le personnel, les installations, le matériel, les unités ou les véhicules impliqués dans l’aide humanitaire, ainsi que d’entraver leurs opérations. - L’engagement de Smotrich à bloquer toute aide humanitaire entrave directement les opérations de secours, y compris celles de l’UNRWA, qui a signalé que « tous les approvisionnements de base s’épuisent à #Gaza » en raison du blocus. Les résultats web confirment qu’Israël a systématiquement restreint l’aide, Amnesty International notant une « violation flagrante » de l’ordonnance de la CIJ de janvier 2024 pour garantir l’aide humanitaire. La politique de Smotrich cible les mécanismes mêmes de l’aide humanitaire, violant l’article 70 du PAI et la règle 55 du DIH coutumier. - Punition collective (Article 8(2)(b)(ix)) - Bien que le Statut de Rome ne liste pas explicitement la punition collective comme crime de guerre autonome, elle est largement reconnue comme une violation du DIH selon l’article 33 de la Quatrième Convention de Genève (CGIV) et la règle 103 du DIH coutumier, et peut être poursuivie dans le cadre d’autres crimes de guerre, comme causer intentionnellement de grandes souffrances. - Le blocus de six semaines affecte les 2,23 millions de résidents de Gaza, punissant l’ensemble de la population civile pour les actions du Hamas. Le post de l’UNRWA souligne l’impact sur les groupes vulnérables, notant que « les bébés, les enfants vont se coucher affamés ». La priorisation par Smotrich de la « défaite totale du Hamas » sur les préoccupations humanitaires démontre une intention de punir collectivement les civils de Gaza, violant l’article 33 de la CGIV et la règle 103 du DIH coutumier. 3. Responsabilité pénale individuelle de Smotrich Selon l’article 25 du Statut de Rome, les individus peuvent être tenus pénalement responsables pour avoir ordonné, sollicité ou induit la commission de crimes de guerre. Smotrich, en tant que ministre des Finances d’Israël, occupe une position d’autorité et a une influence directe sur les politiques affectant Gaza, y compris le blocus. Sa déclaration publique du 8 avril 2025 visant à bloquer toute aide, y compris le blé, démontre une intention et une contribution directe à la commission de crimes de guerre : - Ordonner ou induire : La politique explicite de Smotrich d’empêcher l’aide d’entrer à Gaza, en tant que haut fonctionnaire du gouvernement, ordonne ou induit effectivement la mise en œuvre du blocus, en place depuis six semaines selon l’UNRWA. - Connaissance et intention : La déclaration de Smotrich donne la priorité à la défaite du Hamas sur les préoccupations humanitaires, montrant une conscience de l’impact du blocus sur les civils. Le rapport de l’UNRWA sur la famine généralisée et les décisions antérieures de la CIJ sur la crise humanitaire à Gaza indiquent que Smotrich savait ou aurait dû savoir que sa politique causerait la famine et la souffrance. - Contribution significative : En tant que ministre des Finances, Smotrich a autorité sur les politiques économiques, y compris celles affectant l’aide et les approvisionnements commerciaux à Gaza. Son soutien public au blocus, combiné à son rôle dans l’administration des colonies supervisant les politiques en Cisjordanie, suggère une stratégie plus large pour marginaliser les Palestiniens, le blocus de Gaza étant un élément clé. 4. Complémentarité et nécessité d’une action de la CPI La CPI opère selon le principe de complémentarité, poursuivant les affaires uniquement lorsque les États ne veulent ou ne peuvent pas le faire sérieusement. Israël n’a montré aucune volonté d’enquêter ou de poursuivre Smotrich pour son rôle dans le blocus : - Le gouvernement israélien, y compris Smotrich, a continué à défier les appels internationaux à l’accès humanitaire, comme en témoigne la persistance du blocus malgré la décision de la CIJ de janvier 2024. - La déclaration de Smotrich et le blocus s’alignent sur une politique plus large de punition collective et de famine, qu’Israël justifie pour des raisons de sécurité, affirmant que le Hamas a utilisé l’aide de cessez-le-feu pour reconstruire sa machine de guerre. Cependant, cette justification n’annule pas les obligations du DIH, et l’absence d’enquête sur ces actions comme crimes de guerre potentiels démontre un manque de volonté. - La décision de la CIJ de juillet 2024 sur la nature illégale de l’occupation israélienne souligne davantage les violations systémiques d’Israël du droit international, suggérant un manque de responsabilité nationale véritable. Compte tenu du manque de volonté d’Israël d’agir, la CPI a la responsabilité d’intervenir pour garantir la justice pour les victimes à Gaza. 5. Urgence d’émettre un mandat d’arrêt La situation à Gaza exige une action urgente de la CPI en raison de la crise humanitaire en cours et croissante : - Gravité de la crise : Le post de l’UNRWA du 12 avril 2025 indique qu’après six semaines de blocus, les stocks alimentaires sont presque épuisés, les boulangeries sont fermées, et la famine se répand, Gaza « s’approchant de plus en plus d’une famine très, très profonde ». Le blocus suit la destruction de 67,6 % des terres agricoles de Gaza, laissant la population entièrement dépendante de l’aide externe. La politique de Smotrich risque une famine massive, un résultat catastrophique nécessitant une intervention immédiate. - Nature continue des crimes : La déclaration de Smotrich du 8 avril 2025 indique une continuation et une escalade du blocus, commencé fin février 2025. Sans action de la CPI, ces crimes persisteront, mettant davantage en danger les 2,23 millions de résidents de Gaza. - Risque de nouvelles violations : L’agenda plus large de Smotrich, y compris sa poussée pour l’annexion de la Cisjordanie avec un possible soutien de l’administration Trump entrante en 2025, suggère un modèle de violations croissantes contre les Palestiniens. Un mandat d’arrêt pourrait dissuader de nouveaux crimes en signalant que la communauté internationale ne tolérera pas de telles actions. - Précédent et dissuasion : La CPI a déjà émis des mandats d’arrêt contre de hauts responsables dans des contextes similaires, comme au Soudan et en Libye, pour des crimes incluant la famine et la punition collective. Émettre un mandat contre Smotrich renforcerait l’engagement de la CPI à traiter les crimes de guerre en temps réel, en particulier dans les affaires très médiatisées impliquant de hauts responsables. 6. Faisabilité de l’action de la CPI Karim Khan a déjà démontré un engagement à enquêter sur les crimes en Palestine, visitant le poste frontière de Rafah en octobre 2023 et soulignant la compétence de son bureau sur les événements actuels à Gaza. Les juges de la Chambre préliminaire de la CPI peuvent émettre un mandat d’arrêt s’il y a des preuves suffisantes, que le Procureur peut demander après avoir rassemblé des preuves et identifié un suspect. Les preuves dans ce cas sont solides : - La déclaration publique de Smotrich, rapportée le 8 avril 2025, fournit une preuve directe de l’intention. - La confirmation par l’UNRWA du blocus de six semaines et de son impact humanitaire fournit un témoignage de première main. - Les résultats web, y compris les rapports d’Amnesty International et les décisions de la CIJ, corroborent la nature systématique des violations. Bien que la CPI dépende de la coopération des États pour les arrestations, émettre un mandat exercerait une pression significative sur Israël et ses alliés, en particulier alors que la critique internationale s’intensifie, avec le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne mettant en garde contre des violations du DIH. 7. Impératif moral et juridique Le mandat de la CPI est de mettre fin à l’impunité pour les crimes les plus graves et de rendre justice aux victimes. L’impact du blocus sur les civils de Gaza — particulièrement les enfants, comme souligné par l’UNRWA — exige une responsabilité. Les actions de Smotrich violent non seulement le DIH, mais contribuent également à la nature illégale de l’occupation israélienne, selon la décision de la CIJ de juillet 2024. Ne pas agir saperait la crédibilité de la CPI et enhardirait d’autres dirigeants à commettre des crimes similaires. Conclusion Karim Khan QC doit demander d’urgence un mandat d’arrêt contre Bezalel Smotrich pour les crimes de guerre consistant à utiliser la famine comme méthode de guerre, entraver intentionnellement l’aide humanitaire et imposer une punition collective, comme en témoigne sa déclaration du 8 avril 2025 et le blocus de six semaines sur Gaza. La CPI doit émettre ce mandat pour répondre à la crise en cours, dissuader de nouvelles violations et défendre la justice pour les civils de Gaza. Les preuves sont claires, la base juridique est solide, et l’impératif humanitaire est indéniable. Le moment d’agir est maintenant.